Par S.Gros
Nouvel épisode de polémique française ciblant le vêtement attaché à la coutume musulmane.Après le débat « burkini » de 2016, c'est ce mardi 26 février dernier que le groupe français Décathlon retirait de ses ventes en France un couvre tête destiné à la course à pied pourtant déjà commercialisé au Maroc sous le nom d'«hijab »â€‹.
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Paradoxalement, une interview avec Xavier Rivoire (responsable de la communication externe de Decathlon United) rendue le même jour par France24 rapporte que le groupe dit assumer “complètement le choix de rendre le sport accessible pour toutes les femmes dans le monde”. "C'est presque un engagement sociétal, si cela permet à des coureuses de pratiquer la course à pied, nous l'assumons avec sérénité".
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La polémique au sein de la classe politique
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Difficile de passer outre les réaction de la classe politique contre la commercialisation de l'hijab par Décathlon. Bien que les différents partis s'expriment de manière plus ou moins nuancée dans leur propos, il en ressort généralement un vaste désaccord relatif au port d'un couvre chef dans le domaine sportif. La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'exprime à ce sujet dans une interview donnée par RTL : « C'est une vision de la femme que je ne partage pas. J'aurais préféré qu'une marque française ne promeuve pas le voile » concédait-t-elle bien qu'elle soulignait le fait que ce n'était « pas interdit par la loi ».
Du côté d'Aurore Bergé, porte-parole de La République en marche, l'incompatibilité est aussi exprimée : "le sport émancipe. Il ne soumet pas. Mon choix de femme et de citoyenne sera de ne plus faire confiance à une marque qui rompt avec nos valeurs." Elle ajoute à ses propos « Ceux qui tolèrent les femmes dans l'espace public uniquement quand elles se cachent ne sont pas des amoureux de la liberté ». Les mots de cette dernière vont de pair avec ceux affirmés par le président du Modem, François Bayrou qui annonçait dernièrement sur BFMTV que « l'image de la femme en France, c'est une image de liberté. » De nombreux tweets se sont également étalés sur la toile parmi lesquels Nicolas Dupont-AIgnan, président de Debout La France écrivait « Le sport libère, le voile asservit ! ».
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Une liberté de commerce sacrifiée au prix des valeurs républicaines ?
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Mais qu'en est-il de la liberté de commerce de Décathlon qui, rappelons-le, est en parfaite légalité de commercialiser un « hijab de running », ce que la marque Nike a déjà mis en vente. Les valeurs républicaines, notamment le principe de laïcité (fortement promu en France) viennent se confronter aux libertés individuelles primaires. La laïcité n'est-elle pas le rendez-vous des libertés de culte et de croyance ? Pays idéalisant l'égalité, le fait d'interdire le port d'un voile à des coureuses musulmanes illustre le paradoxe dont fait preuve la société française. Plusieurs médias étrangers le confirment. Dans un article, le Parisien rapporte les propos du journal américain Washington Post condamnant le « ridicule » dont fait part les politiques « en parlant des vêtements que les femmes musulmanes peuvent choisir de porter ou non ».
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Jusqu'aux îles Canaries, des étudiants viennent livrer leur avis sur le sujet. Amira, étudiante en troisième année de droit exprime son désaccord face à la polémique « Je crois que le retrait de la vente de l'hijab est un pas en arrière en ce qui concerne la lutte pour l'égalité des sexes. » La France révèle une fois de plus la contradiction qui l’anime, celle d’un pays en marge d’une richesse juridique et civique pourtant parfois à l’appui d’une politique conservatrice.