Le droit : n’est-ce que du par cœur ?
Par Enzo VINCENT
Le droit est une matière dense, il n’y a qu’à feuilleter les plus de 3000 pages du Code Civil pour s’en convaincre… Le droit est également un monde à explorer, à découvrir, il faut s’y intégrer et en comprendre les mécanismes principaux. Pour autant, croire que l’apprentissage par cœur forme le quotidien de l’apprenti juriste, n’est-ce pas un lieu commun ?
Les enseignements fondamentaux
À la faculté de Droit, vous seront enseignées des matières dites "majeures". Ces majeures sont vos enseignements fondamentaux, elles feront l'objet de travaux dirigés et leurs coefficients seront plus importants (entre 7 et 10). Partant, l'enseignement et la pratique de ces matières ne sauraient se résumer à du par-coeur. Il s'agira de comprendre, pour chaque thème abordé, les concepts principaux ainsi que leur environnement, afin de former un raisonnement juridique. Ensuite, il vous faudra étayer ce raisonnement par des recherches auprès d'éditeurs incontournables : Lexis Nexis, Dalloz, Lextenso, pour ne citer qu'eux.
Cela étant, vos enseignements fondamentaux ne peuvent se dispenser de tout apprentissage par-cœur. En effet, les notions et mécanismes fondamentaux doivent être connus par l'étudiant. De même, bien que les Codes soient autorisés lors des examens, cela n'est pas systématique ; ceux- là ne sauraient résumer, à eux seuls, l'entièreté du cours, ni récapituler l'ensemble des jurisprudences utiles à votre devoir - il faudra donc les apprendre.
Récapitulons : l'enseignement des matières fondamentales passe, avant tout, par une compréhension des concepts principaux et le développement d'un raisonnement juridique basé sur votre travail de réflexion et de recherche. Toutefois, bien qu'elle ne soit pas majoritaire, une part d'apprentissage par-coeur ne saurait être évitée, eu égard aux modalités d'examen.
Les enseignements complémentaires
Il vous faudra, lors de l'inscription pédagogique, choisir parmi des matières dites "complémentaires" qui ne font pas l'objet de travaux dirigés et dont le coefficient est moins important (entre 1 et 3). Ces matières vous permettent d'acquérir des bases solides, de donner un sens à votre parcours - internationaliste, par exemple - et d'attiser votre curiosité.
S'agissant des matières complémentaires, elles ne feront pas l'objet de travaux dirigés et ne pourront être approfondies comme vos matières fondamentales. Partant, l'enseignement de ces matières sera plus "linéaire" et basé entièrement sur le cours magistral dispensé par votre professeur.
Quant aux modalités d'examen, il peut aussi bien s'agir d'un QCM, d'un oral ou de plusieurs questions de cours, l'apprentissage par-coeur semble, dès lors, incontournable afin d'obtenir une bonne note. De manière générale, lors de l'examen, les professeurs n'exigeront de vous que le cours, ni plus ni moins.
Récapitulons : l'apprentissage des matières complémentaires se base, avant tout, sur le par- coeur. Les modalités d'examen ainsi que l'absence de travaux dirigés ne vous permettront pas d'approfondir les connaissances à l'image des matières fondamentales.
Conclusion
Finalement, l'enseignement du droit admet une fraction non négligeable de par-coeur, principalement due aux modalités d'examen ainsi qu'à l'absence de travaux dirigés pour les matières complémentaires. Cela dit, rien n'empêche d'approfondir une matière complémentaire qui vous passionne, or - il faudra savoir raison garder - cela ne devra pas entraver l'apprentissage de vos matières fondamentales.
Concernant les matières fondamentales, faisant l'objet de travaux dirigés, leur apprentissage passera avant tout par la compréhension des notions principales - qu'il vous faudra, néanmoins, connaitre par cœur - et par la réflexion que vous mènerez, notamment au travers de vos recherches.
Je conclurai en disant qu’au côté de l’apprentissage, demeure la méthode. Le droit, le raisonnement juridique, ne serait que peu de chose sans une méthode rigoureuse et maîtrisée par l’étudiant.