Manifestations à Hong Kong :
Les suites de la Révolution des Parapluies ?
Par Perrine BESSAC
AFP/Philip FONG
Des manifestations avaient déjà eu lieu à Hong Kong en 2014, notamment à propos de l’introduction du suffrage universel. Le feu des émeutes a repris depuis le 31 mars 2019.
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Les hongkongais se sont révoltés cette fois contre l’amendement de la loi d’extradition pris par le gouvernement de Hong Kong. Ce texte permettrait à la République Populaire de Chine d’intervenir dans le système juridique indépendant de Hong Kong, ce qui provoquerait une atteinte à la sécurité personnelle des hongkongais et des personnes qui voyageront par la ville.
De très nombreux groupes sociaux sont engagés dans la lutte contre l’amendement du gouvernement. Toutes les classes sociales sont représentées, aussi bien les avocats que les étudiants, même les fonctionnaires.
Leurs revendications s’étendent de plus en plus, partant de la contestation de l’amendement de la loi d’extradition. Depuis le 1er Juillet, ils souhaitent dissoudre le Conseil législatif et réinitialiser le projet d’introduction du suffrage universel.
Les manifestations et rassemblements pacifiques tournent vite en conflits, les forces de l’ordre n’hésitant plus à faire usage de la violence, des personnes sont blessées.
Le 9 juin 2019, plus d’un million de personnes tentent de faire entendre leurs voix dans les rues de Hong Kong. Peu après cette manifestation, la cheffe de l’exécutif, Carrie Lam, annonce que la deuxième lecture de la loi aura bien lieu comme prévu.
Le 12 juin 2019, la police agresse un journaliste, procède à de nombreuses arrestations, tire sur les manifestants (plus de 150 balles), use de gaz lacrymogènes.
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Cinq suicides liés à ces manifestations
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Le bilan humain de ces confrontations s’élève à 5 suicides et 800 arrestations (selon les manifestants).
Depuis le 15 juin 2019, 5 jeunes se sont donnés la mort, laissant tous une lettre dont le contenu était lié aux manifestations.
Des cliniques secrètes soignent les blessés, un système de soin alternatif se développe, les manifestants craignent trop la surveillance des hôpitaux et des cliniques. Des soigneurs se portent bénévoles pour leur venir en aide et leur apporter les premiers soins nécessaires. La plupart des bénéficiaires de ces soins ont peur de se faire arrêter dans les hôpitaux publics et dans les cliniques privées, plusieurs médecins dénoncent en effet les délations au sein même des centres de soins.
La mort du projet de loi selon la cheffe de l’exécutif Carrie Lam
Le 8 juillet, Carrie Lam déclare que le projet de loi est mort. La majorité des hongkongais attend le renoncement définitif de l’exécutif et poursuit donc leur action à cette fin.
Les conflits entre les manifestants pro-démocratie, les forces de l’ordre et les gangs pro-Pékin s’intensifient et attirent l’attention de la communauté internationale.
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Depuis octobre, la France juge la situation à Hong-Kong « extrêmement préoccupante ». Emmanuel Macron avait prévu qu’il aborderait « sans tabou » plusieurs sujets dont la crise à Hongkong, lors de la visite présidentielle en Chine le 4 novembre dernier. En réponse, les autorités chinoises ont averti que la situation à Hong Kong « (...) relève des affaires intérieures de la Chine, il n'est pas pertinent que ce soit à l'ordre du jour diplomatique »
Des journaux tels que le New York Times ou encore The Guardian traitent des manifestations hongkongaises sur les pages d’accueil de leur site internet.
Le 17 novembre, les opposants à l'exécutif sont toujours présents dans les rues, les manifestants innovent quant aux armes qu'ils utilisent afin de provoquer la police, sortant des arcs et des flèches ainsi que des catapultes d'objets enflammés dirigés vers les forces de l'ordre. Les gardiens de la paix ne s'embrassent plus de gaz lacrymogènes, et de boucliers de défense pour disperser les foules, il y a quelques jours à peine, l'un d'entre eux a tiré à balles réelles sur un homme.