Grèves pour le climat, le symbole d’une jeunesse mondiale engagée
Par C. URSENBACH
Depuis quelques mois, des voix étudiantes se font entendre. Les jeunes agissent en faveur de la protection de l’environnement en manifestant leurs inquiétudes quant au futur de la planète tout en contestant l’inaction des dirigeants politiques. A l’origine de ce mouvement, une jeune activiste suédoise de 16 ans, Greta Thunberg.
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Du 3 au 14 décembre dernier, a eu lieu en Pologne la COP 24, la 24è​ me Conférence des Parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Elle avait pour ambition première d’élaborer et d’adopter des décisions qui garantiraient la pleine application de l’Accord de Paris. Ce dernier a été conclu le 12 décembre 2015 à Paris lors de la COP 21. Il avait pour objectif de lutter contre la menace mondiale du changement climatique. Fin 2015, 195 pays avaient signé cet accord.
Mais les Etats-Unis, le deuxième plus gros pollueur au monde, ont annoncé en 2017 qu’ils se retiraient de l’accord. Le retrait d’une des plus grandes puissances économiques paraît fragiliser encore un peu plus les objectifs de l’Accord de Paris, qui sont pour certains inatteignables. L’une des ambitions majeures était en effet de maintenir le réchauffement de la planète à 1,5°C voire 2° C jusqu’à la fin du XXIème siècle. Selon la communauté scientifique, notamment avec le récent rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), seulement16 des pays signataires de l’Accord de Paris respecteraient la ligne de conduite adoptée.
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Greta Thunberg, l’activiste suédoise à l’origine de l’engagement étudiant
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Dans ce contexte de déception due notamment à l’inaction des dirigeants des pays, une jeune suédoise, Greta Thunberg, a commencé à tirer la sonnette d’alarme. Ce qui n’était au début qu’une contestation solitaire est devenu un mouvement global. Greta Thunberg a commencé à faire grève au moment des élections législatives dans son pays début septembre 2018. Au lieu d’aller en cours, elle manifestait son désaccord avec la politique suédoise sur le climat en restant assise toute la journée devant le Parlement suédois, et ce durant trois semaines.
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« A partir de maintenant, je siégerai devant le Parlement suédois jusqu'à ce que mon pays respecte l'accord de Paris ».
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La jeune suédoise a pris la parole lors de la COP24. Lors de son discours, elle a appelé les étudiants du monde entier à faire la grève de l’école. Déçue de l’inaction des politiques, elle explique que le seul moyen de se faire entendre en tant qu’étudiant est de ne pas aller à l’école. Durant son allocution, Greta Thunberg exprime une opinion ferme et très claire. Elle reproche calmement mais frontalement leur inaction aux hauts dirigeants des pays du monde entier. « En 2078, je célébrerai mon 75e anniversaire, et si j'ai des enfants, ils fêteront peut-être ce jour avec moi. Peut-être qu'ils me parleront de vous, qu'ils me demanderont pourquoi vous n'avez rien fait quand il était encore possible d'agir ».
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Une contestation étudiante mondiale
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Les revendications de Greta Thunberg se font entendre progressivement. De plus en plus de jeunes ont commencé à se rallier au mouvement notamment en Belgique, en Australie, en Allemagne, au Canada, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en France, en Suisse, en Irlande.
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Fin novembre, trois jeunes adolescentes australiennes de 14 ans, Harriet O’Shea Carre, Milou Albrecht et Jean Hinchliffe ont voulu organiser la première « climate strike » (grève climatique) en Australie. Cette première « climate strike » qui devait initialement se dérouler à Sydney et dans une ville de l’Etat de Victoria, a finalement gagné plus de vingt villes du pays. L’action s’est répétée le vendredi suivant malgré l’opposition au mouvement du premier ministre, Scott Morisson.
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Le mouvement a aussi touché fortement la Belgique. A nouveau, trois jeunes belges, inspirées par Greta Thunberg, ont insisté auprès les jeunes à venir manifester leur mécontentement et alerter du danger du déclin du climat mondial. Anuna De Wever, Kyra Gantois et Adélaïde Charlier sont les trois figures du mouvement belge. La première grève en Belgique a eu lieu le 10 janvier 2019 réunissant plus de 3 000 jeunes. Une semaine plus tard, la grève est réitérée mais cette fois elle regroupe plus de 10 000 manifestants supplémentaires.
Les grèves pour le climat se développent à travers le monde entier. Les jeunes affirment leur mécontentement et leur préoccupation pour l’avenir de la planète. La jeunesse actuelle paraît plus soucieuse de l’état de la Terre que les dirigeants politiques qui détiennent le pouvoir.
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