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Les fakes news : fléau du 21° siècle

Par C.Miloua

Le 19 mars, le journal Le Monde annonçait participer au projet lancé par l’International Fact Checking Network (IFCN) sur la plateforme factecheckeu.info, aux côtés de 18 autres journaux des Etats-membres de l'Union Européenne. Il s’agirait de « fact-checker » pour éviter la diffusion de fake news durant la campagne des européennes.

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On aurait, par facilité, l’envie première d’accuser les réseaux sociaux. Quelque part, ils font bien partie du problème : de plus en plus utilisés, ils servent aussi à contourner les médias traditionnels que sont la presse écrite, la télévision ou la radio. Ce désamour résulte principalement de la méfiance souvent infondée qu’ils peuvent susciter : intégrité douteuse des journalistes, manipulation par les médias de masse... Voilà pourquoi l’information se partage dans l’entre-soi des réseaux sociaux où chacun choisit ce qu’il souhaite voir. Les gilets jaunes, pour ne citer qu’eux, ont par exemple choisi de partager sur de nombreux groupes Facebook les derniers événements marquants des manifestations. Parmi les plus relayés : les blessures causées par les forces de l’ordre sur les manifestants. Seulement, il arrive qu’image et textes ne correspondent pas, que la situation ne soit jamais arrivée, mais se retrouve tout de même relayée pour finir à la une le matin suivant.

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Mais la place qu’occupe les réseaux sociaux dans ce phénomène peut être largement relativisée, lorsque même les politiques commencent à se servir de faits incorrects pour faire campagne. C’est notamment le cas de Marine Le Pen qui, dans l’émission diffusée sur France 2 le 14 mars, affirme un florilège d’informations transformées à son profit. Entre le minimum vieillesse inférieur aux allocations que touche un migrant « fraîchement arrivé » ou le siège français de l’ONU qu’on nous “vole” avec le traité d’Aix la Chapelle, la représentante du Rassemblement National (RN) s’arrange avec les faits. Léa Salamé, présentatrice de l’émission, invitera en fin de débat les téléspectateurs à aller les vérifier eux-mêmes. Mais les fake news se sont déjà répandues et semblent bien ancrées : le RN diffuse des images comparatives entre allégations de Mme Le Pen et discours ou chiffres officiels flanqués d’un « MARINE DIT LA VÉRITÉ ! » transformant fake news en débat idéologique du RN contre la supposée manipulation des médias.

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Un phénomène qui appelle des solutions

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Le phénomène n’est pas si récent : au XVIII ème siècle en période de famine, existait déjà la rumeur d’un complot de la monarchie contre le peuple, appelé le « pacte de la famine », qui n’a en fait jamais existé. La fake news, c’est donc souvent la conséquence d’une crise, qu’elle soit économique, sociale ou politique. Ce n’est pourtant pas une raison pour les laisser subsister, la liberté d’expression s’arrêtant là où se situe le mensonge. Des solutions semblent émerger : on pense notamment aux dispositions « anti-fake news » de l'Union européenne en 2018, qui à l’époque, faute de vouloir légiférer car jugeant la question trop sensible, à parier sur la concertation des gérants de réseaux sociaux. Juridiquement, on pense vite à la loi anti fake-news rentrée en vigueur le 23 décembre 2018, qui prévoit qu’un juge puisse par référé, c’est-à-dire par une mesure d’urgence permettant une décision dans les 48 heures, faire cesser la diffusion d’une information «manifestement fausse et diffusée de manière délibérée, massive et artificielle ». Cependant, cette mesure se limite aux périodes d’élections.

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Une autre solution serait de recouper toutes les informations afin de comprendre ce qui est vrai ou non. Cela est rendu possible par les plateformes de fact-checking mis en place par les médias eux même, tel que Les Décodeurs du journal Le Monde par exemple, mais cette initiative reste paradoxale. Il est vrai qu’un média par définition doit transmettre l’information. Sauf qu’ici, il fait bien plus : il transmet une information qu’il a dû, au préalable, vérifier et par la suite prouver. Le média traditionnel est devenu en quelque sorte le deuxième maillon de la chaîne : ce n’est souvent plus lui qui diffuse l’information, puisque c’est le rôle qu’occupent aujourd’hui les réseaux, sur lesquels se retrouvent partis politiques et mouvement sociaux. Il vient affirmer ou infirmer les déclarations, les images, les faits. Pour ce qui est de la solution, elle demeure floue : s’informer (beaucoup), se méfier (un peu), et attendre (souvent) que la vérité s’éclaircisse.

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