Thomas Cook : L’effondrement du géant du tourisme
Par Tristan Perreur
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Colosse du voyage organisé, le voyagiste le plus vieux du monde s’est éteint dans la nuit du 22 au 23 septembre 2019. Si la faillite de l’entreprise britannique fait actuellement frémir voyageurs et employés, de multiples indices laissaient présager une telle catastrophe.
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Alors que le Royaume-Uni a appelé à un rapatriement de masse de ses quelques 150 000 vacanciers éparpillés autour du globe, l’incertitude habite toujours les touristes étrangers ainsi que les salariés de Thomas Cook. Il semblerait que cette faillite ait été provoquée par divers facteurs bien identifiés.
Quand Brexit ne rime pas avec vacances
Le Brexit serait-il un frein au tourisme pour les Britanniques ? C’est en tout cas ce que laisse penser cette nouvelle de l’écroulement du pilier du voyage. Pesant sur le pouvoir d’achat à l’étranger des Britanniques, le Brexit semble avoir eu raison du célèbre tour-opérateur. Alors que la livre sterling a chuté et perdu de sa superbe face à l’euro et au dollar, les Britanniques sont eux de plus en plus réticents à partir en voyage. Ils préfèrent rester sur leurs terres et se réfugier dans la campagne anglaise. Conséquence : une baisse des réservations et un manque à gagner conséquent pour le voyagiste Thomas Cook qui organise essentiellement des voyages à l’étranger.
Victime de l’ère numérique et de la concurrence
Il serait inacceptable toutefois d’incriminer uniquement le Brexit pour cette déplorable situation. Et pour cause, l’entreprise se débattait déjà depuis de longues années. Le Brexit a donc seulement précipité sa chute. Si Thomas Cook n’avait pas d’emprise sur ce phénomène européen, il a en revanche échoué dans son besoin de modernisation et s’est courbé devant la concurrence. Ce virage de l’essor numérique non-négocié, le voyagiste et sa formule « logement-voyage » se sont rapidement vus dépasser par l’essor des réservations en ligne et ses leaders, Booking et Airbnb, privilégiés par les consommateurs. La formule « clé en main » n’étant pas au goût du jour, elle semble avoir poussé le voyagiste vers ce désastre. Au début de l’année, l’entreprise déclarait avoir accumulé une perte de 1,5 milliards de livres.
Une tentative de sauvetage face à une dette abyssale
Loin d’être à son coup d’essai, le tour-opérateur vieux de 178 ans a connu diverses difficultés par le passé et a évité la faillite à deux reprises. Sauvé en 1948 lors de sa nationalisation et à nouveau en 2011 par l’intervention des banques, c’est finalement en 2019 que son endettement d’1,7 milliards de livres a eu raison de lui. Alors que l’entreprise se permettait d’entrevoir un espoir avec la reprise de 900 millions de livres signée par son actionnaire Fosun ainsi que ses créanciers, c’est un nouveau coup dur qui retentit. En septembre, certains créanciers ont en effet réclamé 200 millions de livres supplémentaires au groupe pour en assurer la survie jusqu’à fin 2020. Refusant de voler au secours du voyagiste en lui offrant un soutien financier demandé, le gouvernement de Boris Johnson lui assène alors le coup de grâce : « C’est beaucoup d’argent du contribuable » a déclaré le Premier Ministre.
Pour le moment néanmoins, la liquidation judiciaire de l’entreprise semble avoir épargné ses filiales comme Thomas Cook France. Cette dernière refuse de se voir entraîner dans la chute de l’entreprise mère et a demandé son placement en redressement judiciaire dans le but, à terme, de trouver une solution de reprise.
Le Télégramme